Christophe Steiger

Spécialiste en philosophie du yoga

En 1990, à 21 ans, dans mes études de mathématiques et de physique à l’université (EPFL), j’ai trouvé la démonstration que la Vérité ne peut pas être approchée par le mental (En raison des limitations de validité de la logique aristotélicienne et de l’impossibilité d’appréhender avec le mental un temps dont l’écoulement n’est pas linéaire). Ce fut un grand choc et une grande déception, l’université ne pourrait pas me révéler ce que je cherchais. J’ai donc commencé à lire des ouvrages ésotériques et religieux. J’ai rapidement été choqué de trouver une unité de dogme dans toutes les traditions. J’ai très vite rationnellement compris ce qu’était l’Unité et les conséquences pratiques qu’elle avait. Cependant, cette compréhension mentale n’a pas anéanti, pas même égratigné, mon malaise existentiel.

La théorie ne suffisant pas, j’ai cherché à passer à la pratique. J’ai suivi de nombreux enseignants qui m’ont aidé à améliorer mon existence. En 1996, auprès d’un enseignant d’advaita vedānta qui a dit: « la Vérité est à chercher dans ce qui ne change pas », j’ai eu un déclic fondamental, une vision qui m’a permis de savoir que la prison de l’illusion dans laquelle je me sentais enfermé n’avait effectivement pas de porte de sortie, mais que je n’étais en fait pas dans cette prison, que tout cela n’était que du domaine de l’expérience, pas de la Réalité. Je n’étais plus condamné à la prison à perpétuité. Mes souffrances n’étaient plus que des expériences. Dans cette vision, elles ont perdu leur poids en un instant. Un poids qu’elles n’ont jamais retrouvé ; je rends grâce.

Je sentais intuitivement alors qu’il me fallait trouver quelqu’un d’établi dans cet espace avant le mental que j’avais entrevu afin qu’il me montre comment m’y établir. En lisant l’Autobiographie d’un Yogi de Paramahansa Yogananda, j’ai eu l’impression que Yoganandaji était immergé dans la béatitude que je recherchais. J’ai donc cherché un kriya yogi et j’ai ainsi trouvé Dhirānandaji. Le 2 mai 1998, en le voyant pour la première fois, en un regard j’ai compris qu’il avait ce que je voulais et j’ai vu qu’il m’avait reconnu (Ce que je ne comprends toujours pas). J’ai été très négativement surpris que mon guru parle allemand pour me dire qu’il fallait méditer quatre heures par jour. J’espérais plutôt qu’il touche mon front et que je sois illuminé instantanément. Quoi qu’il en soit, je savais que ma quête était terminée, que j’avais trouvé mon chemin et mon guide. »